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La Voie lactée
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16 août 2009

Le nouveau weekend et la prière

Qu'est-ce qui va être plus fort? L'appât du gain ou l'appât de l'au-delà?
Je vais le demander à Hakim Laâlam, et s'il me répond, je vous raconterai

Je vais me le faire !

Par Hakim Laâlam 

Malgré l’actualité chargée, je rappelle à tout hasard, pour
ceux que ça intéresserait encore, qu’il est toujours en prison.

 

Le moudjahid et Patriote Mohamed Gharbi

Allez ! Encore un petit effort. Oui ! Oui ! Je sais ! Tous ces vendredis passés à flemmarder au lit, à déambuler nonchalamment au souk, à musarder entre la cuisine, le café dehors et le lavage astiquage de la voiture, ce n’est pas facile à gommer d’un trait. Mais on s’y fait. Pensez à vous faire plaisir pour ce premier vendredi. Moi, je ne manquerais cette occasion pour rien au monde. Il faut dire que légèrement dépravé, un brin chtarbé sur les bords, j’ai des plaisirs assez bizarres. Que je m’en vais satisfaire dès ce midi. Une sorte de vengeance froide. De ces actes que l’on a gardés depuis des lustres cachés, enfouis en soi. Et que l’on fantasmait littéralement de réaliser, de commettre un jour. Et ce jour est enfin arrivé, alléluia ! Je sais que je le trouverais au carrefour habituel. Ce carrefour qu’il ne quitte jamais et d’où il m’a fait subir les pires humiliations. Assis tous les vendredis devant son échoppe faite de bois et de plaques de zinc mal jointes, un rideau de tôle froissée et rouillée à demi baissé sur son «commerce», il avait toujours le même sourire carnassier, la même dégaine goguenarde et le rictus mauvais lorsque s’il me voyait débouler devant lui, pour compléter en catastrophe mes achats avant la grande prière et la transformation de la cité en ville fantôme : «Ma n’biîch khouya ! Je ne vends pas ! C’est l’heure de la prière !» Ah ! ce regard, combien il m’a traumatisé. J’avais l’impression d’être le canard boiteux du quartier, l’incorrigible cancre impie qui ne comprenait toujours pas qu’un bon musulman ne fait pas commerce à l’heure de la grande prière. Dépité, furieux et incapable d’expliquer calmement à ce gugusse l’incongruité de cette pratique, je repartais à chaque fois la queue entre les jambes, le panier vide et la fureur impuissante. Aujourd’hui, c’est mon heure. Je vais me le faire, mon commerçant ! Parce que vu le nombre d’administrations, d’entreprises, d’usines et de sociétés ouvertes et en activité ce vendredi, vu le nombre d’Algériennes et d’Algériens au travail ce jour et qui voudront se restaurer à la mi-journée, ça m’étonnerait que mon tyrano de commerçant ne vende pas à l’heure de la prière. Mumm ! A nous deux, mon coco ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

Le Soir d'Algérie, 14.08.2009

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