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La Voie lactée
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13 octobre 2007

Aujourd'hui, c'est l'Aïd

Aïdkoum mabrouk  , koul aâm ouanetoum b'kheir!
(prononcer: idkoum mabrouk)

Pour moi, c'est une journée tout à fait normale aujourd'hui. Mon mari est de garde, moi, je suis allée au MANAR.
tôt le matin, avant la fin de la prière de l'aïd dans les mosquées, j'ai téléphoné à ma mère (après ça, les lignes sont surchargées, et je n'aurai pas pu lui parler avant lundi ou mardi)... elle est un peu ... triste(?) ce n'est plus l'aïd comme avant... elle est seule avec mon plus jeune frère et ma belle-soeur... avant, la maison était toujours pleine, les grands-mères, les grandes-tantes, les grands-oncles, les oncles, les tantes, les cousins, les cousines, les ami(e)s, c'était toujours le branle-bas de combat... et tout le monde parlait en même temps, on se souhaitait bonne fête, les enfants recevaient de l'argent, on allait rendre visite au reste de la famille, et on recevait de chacun 50 centimes, 1 dinar, 2, 5 ou 10... selon les moyens de la personne qu'on allait voir... et puis les bons gâteaux...
Partout où on allait, il y avait des assiettes pleines de gâteaux sur la table... et il fallait absolument qu'on en mange... on avait nos préférés... alors, chez l'un de mes oncles, dont la femme était algéroise, c'était les makrouts aux amandes, une spécialité d'Alger... je n'en ai jamais mangé d'aussi bons...
Chez une autre tante, c'était les makrouts aux gharss (dattes écrasées) frits... à la maison, ces deux sortes de makrouts, on ne les avait pas... alors, je ne vous dis pas comme je m'empiffrais chaque fois... non, ce n'est pas vrai... j'exagère! Je ne m'empiffrais pas, j'en mangeais... 1 ou 2... à l'époque, j'étais timide... et bien élevée, il ne me serait jamais venu à l'idée de dépasser les limites ou d'en demander encore...

l'Aïd, c'était aussi la journée des embrassades... imaginez un peu, vous embrassez 40 ou 50 personnes... et ça commençait déjà le matin... nous les enfants, on détestait ça, mais on nous avait inculqué des notions de politesse et il fallait s'y tenir.
L'aïd, c'est aussi la fête du pardon... alors, quand onb avait un problème avec quelqu'un, quand on était disputé, fâché avec quelqu'un, ce jour-là, il fallait qu'on aille vers lui/elle, et qu'on lui dise aïdek mabrouk et qu'on s'embrasse... alors, vous imaginez quand nous, les enfants, étions fâchés... vous imaginez l'effort qu'il fallait faire pour aller au devant de l'autre! Mais on le faisait, parce que la maman, ou la grand-mère ou les tantes étaient là et y tenaient dur comme fer...
Ce jour-là aussi, on avait une impressionde... jet lag... après un mois de jeûne, on pouvait de nouveau manger... alors, plusieurs fois par jour, on sursautait... "heeeeeiiiin???? je viens de manger, je n'ai pas le droit..." puis, soulagé(e): "ah mais non, le ramadhan est fini..."
Et puis, ma mère, mes tantes, ma grand-mère, toutes avaient de nouvelles robes aux couleurs chatoyantes... des robes algériennes qu'on appelle "djebba"... ma grand-tante qui savait coudre avait passé des heures à les couper et à les coudre avec sa machine (pas électrique), et quelques fois, elle y mettait la dernière touche... ou le dernier point le matin même de l'Aïd...
Je ne vous dis pas, la maison était vraiment comme une fourmilière ou une ruche...

Et puis tous les gâteaux qu'il y avait: les plus simples étaient les makrouts et les kaâk... puis les gh'ribiya ... à la mode de Constantine... kaâk ennaqqache... m'lebbess... baklawa... c'était les spécialités de ma famille... et encore une ou 2 autres sortes, j'ai publié lesquelles...
Ma mère et ma tante commençaient à les préparer au moins 10 jours avant la fin du ramadhan... c'est qu'il fallait en faire des quantités industrielles... tout le monde en voulait... et il fallait faire des assiettes pour les familles pauvres que nous connaissions...

Ce jour-là, ma mère et ma tante ne préparaient pas à manger... d'une part, on n'avait pas faim après tous les gâteaux... d'autres part, c'était une tradition chez nous, on mangeait le reste de chorba de ramadhan de la veille, et puis, il y avait le bon khobz eddar... ça aussi, c'était une tradition... la veille de l'Aïd, il fallait préparer le khobz eddar... le pain d ela maison, un pain... délicieux!!!!!!!!!!!!!! Un goût spécial... entre le pain et la brioche... il fallait en faire au moins une quinzaine, et en plus des petits en forme de tortues ou d'oiseaux pour les plus jeunes enfants...

Bon, là, vous allez me demander où on faisait cuire tout ça... si on avait des fours géants... non, ... non... ne vous inquiétez pas... les gâteaux et le pain étaient posés sur de grands plateaux rectangulaires et envoyés chez le boulanger qui les faisait cuire dans son four...
Chaque famille avait son boulanger qui connaissait les habitudes et les spécialités...
Seulement le boulanger a aussi son petit caractère... alors, quand il était bien luné, il mettait les gâteaux ou le pain tout de suite au four, il faisait bien attention, il les surveillait et il les retirait dès qu'ils étaient cuits. Mais s'il était de mauvaise humeur... alors là... c'était la catastrophe!!!! Il laissait le pain trop longtemps dehors, alors, "toukhourdjou lekhmira", ce qui veut dire "la levure en sortait", il levait trop, et il était déformé et immangeable... alors là, c'était le drame à la maison... ou alors, les makrouts brûlés... ou... ou...
Oh lala... l'angoisse!!!!

Vous pensez peut-être que je faisais les gâteaux avec ma mère et ma tante, que je suis une super patissière... rien du tout!!!! Je refusais catégoriquement de faire quoi que ce soit dans la cuisine... j'étais en phase de révolte... émancipation féminine oblige!!!!
Moi? faire des gâteaux pendant que mes frères se prélassent? Et puis quoi encore?
Je me de demande si je ne regrette pas un peu aujourd'hui... un peu, oui, mais pas trop...
Mais je me débrouille pas mal malgré tout, et puis, j'ai des livres de recettes...
Alors vous allez me demander comment je fais pour savoir tout ça... ben... mine de rien, j'ai dû enregistrer pas mal de choses...

Skecéklintelligence!!!!

Je vous raconte ça, parce que ça m'est revenu tout d'un coup... non, il n'y a pas de nostalgie... ou un peu... mais je voulais partager avec mes amies de France et du Québec une fête et des traditions qu'elles ne connaissent pas... pour qu'elles se sentent encore un peu plus proches de nous...

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Commentaires
N
Je suis contente que tu sois passée sur mon blog, Désirée... moi aussi je viens de voir le tien. C'est bien, on se rendra visite de temps en temps...<br /> XXXXX
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D
J'arrive tout au hasard sur ton blog et j'ai lue ton dernier poste. Alors je me permets de te souhaiter une bonne fête de l'Aïd. Je suis chrétienne et tout ca est inconnue pour moi. Mais j'aime bien apprendre des nouvelles cultures.<br /> Je te souhaite une très bonne soirée.<br /> Désirée
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